Fils d’un mineur devenu boulanger, mort le 28 mai 1925 des suites de la Première Guerre mondiale, Lucien Messainguiral fut élevé par sa mère (couturière) aidée par sa grand-mère, qui travailla à la mine, à la mort de son père, au triage de Cransac jusqu’à son remariage, le 29 juin 1928 avec Jean, Lucien Frayssinet, mineur. Issu d’une famille catholique pratiquante, il fréquenta l’école libre jusqu’au certificat d’études primaires puis intégra le petit séminaire d’Ambrazac (Haute-Vienne), où la gratuité de l’enseignement lui permit de poursuivre ses études pendant un an. Mais, mal à l’aise dans ce milieu, il préféra entrer dans la vie active. Il trouva du travail dans une pharmacie qui l’embaucha pendant deux ans comme “ potard ” (préparateur). Il avait alors adhéré à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Il travailla ensuite à “ la vieille montagne ”, une usine qui fabriquait du zinc, et adhéra à FO où il allait rester jusqu’en 1957 et faire plusieurs stages en Belgique. Il comprit rapidement qu’il manquait de compétence professionnelle. Il suivit alors des cours par correspondance au conservatoire national des arts et métiers (CNAM) de 1945 à 1948 et obtint un diplôme de chimiste. Entre-temps, Lucien Messainguiral avait été envoyé dans un chantier de jeunesse au Mont Aigoual dans la région d’Anduze (Gard) où il jouait de la clarinette – qu’il pratiquait à Cransac– au sein d’un groupe de musiciens.
En 1957, il quitta l’Aveyron pour travailler au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) à Marcoule (Gard) où il créa en 1958, avec Lucien Jourdan*, une section syndicale CFTC. En 1960, Lucien Messainguiral collaborait à la création du journal inter-sections CFTC, Rayonnement, imprimé à Marcoule et destiné à l’ensemble du CEA. Il fut, cette année-là tête de liste pour les élections au comité des oeuvres sociales national (COS). Il fut réélu ensuite plusieurs fois jusqu’au moment où la gestion du COS devint syndicale (après 1968). Il avait créé en 1964 l’Union locale CFDT de Bagnols-sur-Cèze (Gard) avec l’aide de Jacques Gastou, un ancien mineur, représentant l’intersyndicale CEA lors de la négociation de “ l’accord cadre de 1968 ” qui permit la création de conseils d’unité, de comités d’établissement et national, de commissions d’éducation permanente technique et culturelle. Lucien anima l’UL jusqu’en 1970, date à laquelle Gaston Mazoyer le remplaça.
Il se maria le 21 octobre 1947 à Aubin (Aveyron) avec Jacqueline Marie Chazottes, sans profession, catholique pratiquante très active au niveau local. Il eut quatre filles, Anne (1949), Geneviève (1951), Christiane (1953) et Odile (1963).

SOURCES : Arch. CFDT, SNPEA (Syndicat national du personnel à l’Énergie atomique). — Notes de Magali Benoit.— Correspondance avec la famille, 2013.

Jean LIMONET